L'eau chaude est une denrée rare derrière le mur, une petite heure le matin, une autre le soir. Mais quand on a le loisir d'être aux bons endroits, aux bons moments, on peut profiter d'un de ses rares moments de détente qu'est de prendre une simple douche. C'est drôle, mais plus jeune je croyais que jamais je ne manquerai d'eau chaude.
Mais à l'époque j'étais au nord, à l'époque tout était différent, vraiment différent. Je suis née au nord, enfin je suis née dans un bled perdu pas loin du Mexique du nom de San Ysidro. Et vous voulais que je vous dise au nord de quoi on a grandi : au nord de ce putain de mur. Ah oui on c'est Joshua et moi. Joshua c'est mon jumeau, certainement ma meilleure moitié. Ah oui au fait moi c'est Emma, Emma Mary O'Brian. Enfin bref tout ça pour dire qu'entre aujourd'hui est mon enfance il y a un monde ou plutôt un mur. Où les plaisirs comme l'eau chaude, la nourriture en abondance ne sont qu'un lointain souvenir. Souvenir j'en ai tellement, c'est à l'âge innocent de huit ans que nos parents nous ont expliqués la présence de ce mur qui défigurait notre jardin et avec Joshua ça nous à révolter ! C'était, c'est tellement injuste de séparer le monde en deux, avec d'un côté les « bons » et de l'autre les pas « bons ». Alors, mon frangin et moi on militait, vers l'âge de onze ont placé des pétards près du mur pour foutre la trouille aux gardiens ou ont piqué leurs flingues. C'était le bon temps, Josh est moi on était inséparables, comme les deux doigts de la main, je le considérais comme mon aîné, ça a toujours était lui le brillant de nous deux, mais moi la plus battante, je me battais pour le protéger lui et ses idées de fou.
L'eau froide me tira de ma rêverie, c'était terminé, je coupai brutalement l'arrivée d'eau, n'ayant aucune envie de finir morte de froid, me sécha et m'habilla. Un jean et un simple t-shirt, une queue de cheval et je sortie de ce qui avait dû être un ancien hôpital. En faites ce que ce lieu avait bien pu être n'avait aucune importance, de toute façon je n'allais pas m'y attarder je n'avais plus de chez moi depuis un moment et ce n'était pas ce taudis qui le remplacera.
J'avais décidé de me rendre chez les Handsons, voir si je pouvais trouver l'un des « miens », et ainsi avoir un abri pour la nuit. Les Handsons, je n'ai pas fait partie du groupe de solitaires qui les à trouver, mais j'aurai certainement agis comme eux. Tous les solitaires ou presque connaissent l'historie de ce vieux couple qui a refusé de quitter leur maison lors de la construction du mur, ils ont été assassinés par ces enfoirés de militaires. Alors, ceux qui les ont trouvés les ont enterrés avec toute la dignité qu'ils méritent malgré nos pauvres moyens. Ce lieu est devenu mon refuge et celui de bien d'autres personnes comme moi. Là-bas je m'y sens en sécurité.
Avant c'était avec Joshua que je me sentais en sécurité, c'était lui mon foyer. C'est surement pour ça que je l'ai suivi à New York après le lycée. Ce qu'on voulait élargir notre champ d'action, j'vous ai pas dit, Josh et moi avons créé un groupe révolutionnaire Kartov. Pourquoi Kartov ? Et bien le nom vient de nos surnoms dans un jeu vidéo : Karoe et Tovaline. Et si Josh a eu l'idée de ce groupe, c'est pour se battre et on mettrait notre haine et notre désaccord face à cette situation. On avait 20 ans et on rentrait dans l'inconnu, mais on ne pouvait plus faire demi-tour, on avait beaucoup de monde qui nous soutenait, qui croyait et qui avait besoin de nous. Alors, le véritable combat à commencer.
Mon rôle dans cette foutue histoire ? Coordonnaient les attaques, aller aux marchés noirs pour acheter les armes, fabriquer les bombes. Josh savait que j'aimais ça et que j'étais, que je suis doué pour ce genre de choses. Et puis je devais faire mon devoir, je devais le protéger. Notre mouvement marché plutôt bien, il y avait de gros dégâts, même des morts, mais c'était le seul moyen de se faire entendre, on avait pas le choix. Je me demande si on aurait continué si on avait su comment ça allait se finir où comment les choses se seraient terminés si je n'avais pas été aussi idiote.
Idiote, j'ai parfois encore l'impression de l'être aujourd'hui, quand je me balade seule dans le désert, ou dans les égouts, comme si j'étais la proprio des lieux. Trop de hargne cette petite, voilà ce que certains pensent, mais je m'en fous, je ne suis pas là pour eux, il n'y a que lui qui m'importe. Je sais que je suis encore loin de mon « refuge », mais j'ai besoin de m'arrêter une seconde, le néant voilà ce qui m'entoure, mais au moins ici j'ai toute la place que je veux, pas comme dans leur cellule. Je l'ai ait pas mal côtoyé celle-ci aussi.
Comment c'est arrivé ? Simple pendant une de nos manifestations, je n'ai certainement pas été la seule ce jour-là, mais moi j'étais différente et les flics le savaient. Ses connards de représentant de la loi savaient que j'avais un lien avec le chef de « Kartov », sans pour autant savoir qu'il s'agissait de mon frère. D'ailleurs Joshua en est devenue dingue, il voulait payer ma caution, mais les flics l'ont envoyé se faire foutre bien comme il faut. Quarante-huit, c'est le nombre d'heures à rester enfermer dans une cellule sans boire, sans manger. C'est pas légale, dite leur à eux, tout ce qu'ils voulaient c'était un nom ou des informations. Après avoir été malmené je dois avouer avoir craché le morceau. Est-ce que j'ai dénoncé mon frère ? Non, mais je l'ai pourtant trahi. Je suis devenue ce qu'on pourrait appeler « une balance », on m'a assigné un flic à qui je devais dénoncer nos actions. Je sais qu'il ne comprendrait pas, mais j'ai fait tout ça pour le protéger, si ces crétins de flics avait fouillé un peu ils auraient pu découvrir la vérité est là c'était direction le sud directe.
C'est là que les choses ont dérapait, Josh se doutait que quelqu'un nous vendait, mais jamais il n'aurait pût imaginer ne serait ce qu'une seconde que cela pouvait être moi, sa précieuse petite soeur. Et pourtant il a cherché autour de nous, persuader que cela devait être un de ses lieutenants en qui il avait le plus confiance. Parfois je me demande s'il ne se doutait pas de quelques choses, Joshua est intelligent, mais peut-être qu'il a surestimer la confiance qu'il pouvait mettre en moi. En parlant de personne intelligente, il s'est passé une chose que je ne croyais pas possible. Le flic qui s'occupait de mon dossier, c'est rendu-compte que Josh était le chef. Et il a voulu l'arrêter, en faites c'était encore mieux, il me faisait une fleur en me laissant partir et n'arrêtait que mon frère. C'était une chose que je ne pouvais pas laisser faire. Alors, je l'ai tué, trois balles en pleine poitrine et je suis partie. C'était la première fois que je tuais directement quelqu'un, les bombes que je fabriquais et posais ne comptait pas. Cette fois j'avais vu la personne mourir, je savais des choses sur elle et je savais que maintenant nous serions en sécurité, puisqu'il était le seul à connaitre le secret de Joshua.
Ma longue marche venait de mener à mon nouveau refuge. Par mesure de précaution je sortis une arme, après tout on ne sait jamais sur qui on peut tomber. La porte n'était jamais verrouillée, mais toujours fermer, par respect pour les autres. La main sur la poignée j'ouvris la porte avec délicatesse et fit irruption dans ce qui était la cuisine, il n'y avait personne, je restai immobile quelques instants, aucun bruit je devais être seule, alors je rangeai mon arme et souffla. Je pouvais me détendre un tant soit peu. C'est sur le vieux canapé que je m'installai, il y avait une télévision qui avait du fonctionnait, mais qui servait uniquement d'objet de décoration aujourd'hui. Une des rares choses qui avaient toujours le don de m'impressionner lorsque je mets les pieds ici étaient l'ordre. Comme si chacun d'entre nous essayait de salir ou d'abimer le moins possible le confort mis à notre disposition. Confort que je n'avais pas toujours le loisir de connaitre. Je me demande comment vis Joshua, je pense qu'il aurait aimé cet endroit, il est reposant. Quand je pense que tout est de ma faute.
Trois mois se sont écoulés depuis que j'ai tué le flic, Joshua et moi nous nous sommes fait arrêter pendant une autre manifestation. On s'est fait interroger pendant des jours et ses flics ont fini par comprendre que Josh et moi étions Kartov. On c'est fat tabasser, insulter, cracher dessus, traiter pire que des chiens. Et une chose extraordinaire c'est produit, Josh a accepté de dissoudre le mouvement et d'aller au Sud à la seule et unique condition que je sois libre. J'ai refusé, mais les flics ne voulait rien savoir, Josh avait déjà fait un communiquer de presse. Mon frère c'est sacrifié pour moi, alors que moi je l'avais trahis. Alors, pendant le dernier interrogatoire j'ai tout avoué : j'avais tué un policier, je devais donc aller au Sud. Les flics se sont renseignés et se sont rendu compte que c'était vrai. Alors, trois mois après Joshua se fut mon tour d'être envoyé au Sud. Josh ignorait et ignore toujours ma présence au Sud, j'ai demandé aux flics de ne rien dire. Et me voilà arrivait au Sud, si je résume bien, j'ai trahi mon frère, le mouvement que l'on défendait alors que lui n'as fait que me protéger. Et pour ça je m'en veux.
J'avais replié mes jambes sous moi et m'appuya contre le bras du canapé, je me redressais pris un des coussins et glissa mon arme en dessous, avant d'y reposer ma tête. J'espérais me reposer un peu, cela faisait longtemps que je n'avais pas dormi sans être sur mes gardes. En faites l'une des dernières fois remontés aux nuits que j'avais passés avec Ben.
Je sais ce que vous avez en tête, mais vous n'y êtes pas du tout. Benjamin O'Neill doit être l'un des derniers hommes sur terre à être correcte. J'avoue il est très sexy et je n'aurai rien eu contre le fait de passer une nuit ou deux avec lui, mais il est trop timide, trop respectueux, mais bizarrement on est devenu amis. Cela faisait à peine deux semaines que j'étais au Sud quand je l'ai rencontré. Je venais de me battre avec un mec qui tentait de me prendre le peu de nourriture que j'avais volé avant. J'étais assez abimé, mais j'avais réussi à garder un peu de nourriture. Je ne sais pas exactement comment, mais je me suis retrouvé dans la zone neutre et c'est là qu'on c'est plus ou moins tombé dessus. J'étais proche de l'hôpital, mais je ne voulais pas y entrer, je ne savais pas comment aller réagir les autres. Je ne l'avouerai pas, même sous la torture, mais j'avais la trouille et c'est là qu'il est arrivé. Il ne lui manquait plus qu'un beau destrier blanc. Lorsque j'ai refusé d'entrer dans la bâtisse, il m'a rassuré, je l'ai trouvé un peu gauche dans le choix de ses mots, mais en même temps très mignon.
Il a fini par m'amener chez lui, pour soigner mes bobos et je dois avouer que je n'avais pas envie qu'il soit le seul à jouer au docteur. Quand il est revenu, j'étais en sous-vêtement, de la dentelle, rouge, ce que j'avais pu embarquer de plus beau. Il s'est passé une chose que je n'imaginais pas, il est devenu plus rouge qu'une tomate est à détourner les yeux. Il a bafouiller en me demandant de me rhabiller et lorsque j'ai enlevé mon soutien-gorge, il s'est dirigé vers la sortie et sans se retourner m'a demandé de me revêtir. J'ai fini par obéir et en sortant je lui ai dit :
- Tu sais si tu es homo, ce n'est pas un problème pour moi !- Non, non, non, c'est pas ça. Mais je ne dois pas abuser de mes patientes et ...- Et quoi, nous ne sommes que des êtres humains, on a des besoins...- Non, Emma c'est plus compliqué que ça. Et...- Toi t'es amoureux !?! C'est comme ça qu'à commencer notre relation, Ben m'a appris qu'on pouvait encore avoir confiance en certaines personnes. J'ai pu dormir sur mes deux oreilles sans avoir peu de quoi que se sois. Et en plus notre amitié, si on peut appeler ça comme ça dure. Lorsque je me balade en zone neutre, je vais le voir et je le charrie sur son passé, ses amours... Et lui ose me dire mes quatre vérités en face. Je dois avouer que je l'apprécie. Et qu'il m'a fait comprendre que même de ce côté cruelle du Mur certaines personnes peuvent être bien.
Je n'arrivais pas à dormir, mais au moins je pouvais me reposer et faire le bilan de ma petite excursion au Sud. Je dois être folle, je suis venue ici pour être avec Joshua et je me cache de lui, pour ne pas le décevoir, ne pas l'inquiétait ou pour ne pas qu'il ait honte de moi. Je ne sais pas exactement, en tout cas j'essaye de veiller sur lui à distance. J'ai fait des rencontres intéressantes ici, mais je reste seule, je ne peux me fixer ou avoir confiance en quelqu'un je suis trop dangereuse, trop instable pour ça. Depuis mon arrivée ici j'ai tué d'autres personnes pour me défendre uniquement, mais j'ai leur sang sur les mains et ce que je ressens à ce sujet m'inquiète, car parfois c'est une immense plaie vide, sans douleur, sans chagrin, sans colère. « Les gens bien » nous ont éloigné parce qu'ils pensaient qu'on était des monstres à cause de notre différence, mais ils avaient tort, ils viennent de fabriquer ses monstres et je ne sais pas pourquoi, mais quelques choses me dit qu'un jour ou l'autre ont finira par sortir de cet enfer sur terre et ce jour- là je promets de me venger.