Passeport. Il y a quelques années l'évocation de ce mot pour James signifiait les vacances, la fuite vers un autre pays, cela avait même quelques choses d'exotique ou d'européen. Aujourd'hui, passeport avait pour lui un tout nouveau sens, aujourd'hui cela signifiait une vie ordinaire au Nord, loin, le plus loin possible en réalité du mur de séparation, du Sud, du Mexique et de tout ce que James tenter de fuir depuis qu'il avait quitté Michael, son ami d'enfance. Comme de nombreuses personnes, James allait bientôt recevoir son titre de séjour dans le bon côté du mur, malgré tout, entourer de tous ces gens dans cette queue il ne pouvait s'empêcher de penser aux dernières années de sa vie et notamment à son départ, sa fuite, il avait essayé tout ce qui était possible pour convaincre Michael d'arrêter les braquages, mais son ami voulait qu'ils continuent ensemble. Pour James ce n'était plus possible, plus après la vision du mur, il ne voulait pas vivre derrière ce mur, rien que l'idée ne lui plaisait pas, pour eux il était encore temps de mettre fin à tout cela, les autorités ne connaissaient pas leurs identités, mais impossibles de lui faire changer d'avis. La mort dans l'âme, James avait laissé Michael à sa vie de criminelle préférant retourner dans le Colorado, à Denvers, cela faisait maintenant plusieurs mois qu'il y vivait et aujourd'hui enfin, il allait recevoir son passeport. Ses papiers en main, le jeune homme put enfin respirer tranquillement, dans la rue il se sentait comme tout le monde, libre de vivre sa vie comme si les erreurs de son passé n'avaient jamais existé. D'ailleurs, une personne qui regarderait sa vie d'aujourd'hui ne se douterait jamais du passé trouble du jeune homme, il travaillait comme garagiste dans un petit garage et essayait de mener une vie sans excès particulier. Parfois, après son travail il lui arrivait de prendre une bière avec des collègues, puis il rentrait chez lui pour rejoindre sa petite amie avec qui il vivait. Il ne parlait pas politique et éviter en règle général tous les sujets qui fâchent, il avait également prit la décision de ne pas prendre part aux conversations autour du mur, pourtant il avait parfois l'impression qu'autour de lui les gens ne parlaient que de ce sujet. Le mur par si... Le mur par là... Avis positif ou négatif, James ne voulait pas être mêlé à ces conversations.

Et ce jour là, comme les autres, il rentra chez lui après le travail, quand il ouvrit la porte de l'appartement il sentit l'odeur du repas qui chauffait doucement dans la cuisine. Sa petite amie, Sofia, était une jeune femme belle, intelligente, bonne cuisinière et qui aimait les enfants, elle était institutrice et le jeune homme se voyait très bien finir sa vie auprès d'elle. Il posa ses affaires et traversa le couloir en direction de la cuisine où il trouva la jeune femme qui sourit en découvrant son homme à la porte. Elle s'approcha de lui et l'embrassa légèrement, alors qu'elle se dégageait de lui, le jeune homme l'attira un peu plus dans ses bras, elle lui sourit et dit :

« Mes parents sont là pour le dîner. »

James éclata de rire sous le regard incrédule de la jeune brune, il l'embrassa dans le coup et la jeune femme devina les intentions du jeune homme et lui donna une tape sur l'épaule.

« Je crois qu'ils vont pas vouloir participer au dessert si tu vois ce que je veux dire. »

« Idiot, va plutôt leur dire bonjour, j'arrive avec l'apéritif. »

Sous les ordres de sa petite amie, James se dirigea vers le salon et prit un sourire de circonstance avant d'entrer dans la pièce, si la mère de la jeune femme l'appréciait ce n'était pas du tout le cas du père, un ancien militaire qui adorait l'idée du mur et enverrait encore plus de monde derrière si c'était à lui de prendre la décision. James les salua et la conversation tout comme le dîner se passa plutôt bien, à la fin de ce dernier, Sofia alluma la télévision pour regarder les informations pendant le café. Les informations étaient déjà commencé, visiblement la police avait réussi à arrêter un braqueur de banque, James ne faisait pas vraiment attention au dire de la journaliste, mais était relativement agacer des propos de son futur beau père sur l'idée qu'un autre homme allait finir sa vie dans le Sud.

« Michael Fletwich est coupable de ce braquage, mais également d'une bonne centaine d'autres d'après les autorités. L'un des cowboys comme les surnommer la presse à l'époque est enfin tombée de son cheval. Rappelons que pendant une époque Fletwich avait un complice avec qui il à braquer environ cinquante sept banques, nous espérons que ce dernier sera arrêté prochainement. En attendant, après interrogatoire, Fletwich finira sa vie derrière le mur, au Sud... »

James n'entendit pas le reste des informations, ni les commentaires autour de la table, tout ce qu'il savait c'est que son meilleur ami allait vivre la vie que lui avait fuit, aujourd'hui encore il regrettait de ne pas avoir réussi à le convaincre d'arrêter et d'être partie sans lui. Ce fut la voix de sa petite amie qui le ramena à la réalité, il se tourna vers elle, puis vers les parents de la jeune femme, tous les trois le regardaient bizarrement il se contenta de leur sourire puis demanda si quelqu'un voulait encore du café avant de se lever et de quitter la table. Dans la salle de bain, le jeune homme tenta de retrouver son calme, quelque chose en lui hurlait de prendre le plus d'affaires possible et de partir, mais autre chose le rassurait, il avait un passeport, une vie ici, il aspergea son visage d'eau et se dirigea vers la cuisine pour prendre la cafetière, avant de sortir de la pièce il plaqua sur son visage un petit sourire et retourna vers la salle. A partir de ce moment-là, tout se passa très vite et James ne réalisa pas tout ce qui se passa, une personne frappa à la porte et Sofia alla ouvrir, il n'entendit pas la conversation des deux personnes, mais Sofia revient dans la pièce avec plusieurs personnes, probablement des policiers, au fond de lui James savait parfaitement pourquoi ils étaient là, mais il n'arrivait pas à comprendre comment ils l'avaient trouvé, comment ils avaient su où il se trouvait. Il se leva imitait par son beau père, ce dernier prit la parole en premier.

« Que se passe-t-il ma chérie ? »

« James, est ce que tu as quelques choses à me dire ? »

« Sofia... Qu'est ce qui passe ? »

« Monsieur Hawkins, vous êtes en état d'arrestation pour 47 braquages commis à travers les Etats Unis d'Amérique. »

James vit la femme dont il était amoureux tomber en larmes dans les bras de sa mère, il vit le père de cette dernière lui dire qu'il avait toujours su que ce n'était pas un homme pour lui et un policier lui passait les menottes. Il ne tenta pas de se défendre, ni de résister, au fond de lui cette scène le faisait souffrir, mais ce qui semblait être le pire est qu'il venait de comprendre la trahison de son meilleur ami.