La raison qui justifiait cette escapade si dangereuse ? Elle n’était peut-être pas aussi légitime et utile qu’elle aurait dû, voilà peut-être pourquoi Sasha ne s’était pas rendue au poste de contrôle comme la logique le voudrait car elle savait parfaitement qu’elle n’aurait pu passer au-delà. En effet, elle n’avait pas de raison justifiant ce déplacement intra-communautés, ou en tout cas pas une raison qui paraîtrait valable aux yeux des contrôleurs, et elle avait encore moins une autorisation signée du Conseil. En toute logique, elle ne devrait donc jamais être sortit de sa communauté nordiste. Mais pourtant, les autres communautés ne lui étaient pas inconnues puisqu’elle avait foulé leur terre à plusieurs reprises et à cette fin, elle n’avait pas emprunté la voie habituelle. En effet, plutôt que de s’arrêter au poste de contrôle, elle passait simplement par les égouts. Un accès peut-être plus repoussant et malodorant mais qui lui permettait néanmoins de pouvoir accéder aux autres communautés. C’est ainsi que la jeune femme eut l’occasion de découvrir le reste de Tijuana, car envoyée que depuis quelques mois au Sud, les communautés se trouvaient déjà formées à son arrivée et elle s’était donc retrouvée enfermé dans ce nord. Il n’y avait donc jamais eut de motif de vie ou de mort qui l’obligeait à sortir de sa communauté, c’était davantage pour une évasion personnelle et malheureusement pour elle, cette raison ne paraissait pas assez légitime pour obtenir le laisser passer de ces contrôleurs. En même temps, vu les conflits et les tensions qui empoisonnaient les relations entre les différentes communautés, c’était compréhensible et regrettable par la même occasion. De toutes les communautés, celle de l’ouest était celle qu’elle affectionnait particulièrement. Les trois-quarts du temps, c’était même là qu’elle se rendait généralement. Là aussi pour une raison personnelle car l’ouest était le seul lieu qui ne lui offrait pas un horizon fait que de désert et de bidonvilles. L’océan, de quoi s’évader de cette vie en enfer durant quelques brefs instants. Et ces instants valaient chers ici. Pourquoi ne pas y vivre alors ? Peut-être parce qu’elle s’était déjà lié à quelques personnes au nord, et il fallait plutôt éviter de les perdre car à Tijuana les contacts entre individus qui ne se terminaient pas en bain de sang étaient plutôt rares. Et puis c’était une chose de s’aventurer quelques fois dans ces rues de l’ouest, mais s’en était une autre d’y habiter, là où les tensions semblaient plus accrues et le danger plus présent. Enfin, cela semblait être le cas il y a encore quelques mois encore car aujourd’hui les rues semblaient plus apaisées. Poussant de ses frêles bras la bouche d’égout, là voici enfin dans cette communauté littorale. Et plus précisément au milieu d’une rue peu fréquentée, c’est ainsi qu’elle se hissa sur le parvis pour ensuite remettre la bouche d’égout à sa place. Et comme si de rien n’était, elle poursuivit son chemin feintant d’être n’importe quel membre de cette communauté. La ruelle arrivant à son terme, elle déboucha alors dans une rue plus fréquentée. Elle ne prêta pas pour autant attention aux personnes qui la parcourait à ses côtés, c’était sa méthode de survie : se faire discrète et passer inaperçu. Et dès qu’elle en eut la possibilité, elle rejoignit une rue plus calme et loin des regards. Et c’est en empruntant ces ruelles abandonnées qu’elle comptait se rendre jusqu’au littoral. Ce sera peut-être plus long, mais plus sûre. Quoique ces ruelles étaient peut-être moins fréquentés mais pas moins mal fréquentés. C’était la vie à Tijuana, elle avait appris à s’y faire et à ne pas rester cloîtrer dans l’amphithéâtre universitaire qui lui servait de logis de peur de courir un danger de mort. Au moins, elle bénéficiait déjà de la lumière du jour. Alors qu’elle ne se trouvait plus qu’à quelques rues de sa destination, elle s’immobilisa au milieu de la ruelle quelques instants afin de se saisir d’un objet fétiche, une chaîne en argent qui se trouvait dans la poche arrière de son short. Elle fut alors loin de se douter que le geste qu’elle venait d’effectuer pouvait porter à confusion pour la jeune femme qui se trouvait juste derrière elle.

désolé c'est pas top

L’Ouest était la seule communauté où Jordana se sentait bien. Contrairement à la majorité des ‘habitants’ de Tijuana, elle ne l’a pas choisie grâce à ses relations, à ses fonctions ou à ses structures. Elle l’a choisie grâce à l’Océan. Le pacifique… Max voulait l’amener à l’Ouest pour qu’elle puisse contempler toutes ces beautés. Il voulait lui faire découvrir tellement de choses. Finalement elle se retrouvait ici à errer, arme à la ceinture. Jour et nuit. Pas une seule journée de répit, de congés ou de vacances en famille. La jeune femme n’avait même pas cherché à se défendre lorsque la peine tomba. Elle était consciente de ses actes, de ses fautes. Elle savait que par sa faute, un père de famille s’était vu privé de ses membres supérieurs. Mais Max. Son prénom lui revenait chaque jour. Mais elle se surprenait parfois à oublier son visage. Chose qu’elle refusait. Jordana voulait se souvenir de lui le plus longtemps possible. Mais sans photos, sans son odeur elle ne le pouvait pas. Elle se souvenait de sa voix, de sa démarche et de son sourire au saut du lit… mais pas de son visage. Elle commençait néanmoins à accepter ce fait.

La journée était calme, enfin, plus calme que d’habitude. Les ‘habitants’ faisaient des allers-retours. Fournitures, courses… On aurait pu se croire dans un film américain où les survivants doivent se confiner dans une cité afin de survivre. Foutu mur. Même si au fond elle ne se plaignait pas, elle trouvait ça tout bonnement dégueulasse. Quoi qu’il en soit, comme chaque semaine, elle avait pour projet de se rendre sur les côtes et d’y passer la journée. Admirer ce monde… l’Océan. Dieu qu’elle aimait prononcer ce mot. Jordana avait l’impression de s’évader à chaque fois qu’elle s’y rendait. Elle avait l’impression d’être libre et que personne ne pouvait la retenir. Refusant d’emprunter les grands axes, elle jugeait bon d’utiliser les petites ruelles pour se rendre à sa destination. Après tout, elle était armée. Et puis sa réputation commençait déjà à fleurir. Que risquait-elle ? Une attaque de rats ? Elle sortit de sa chambre d’hôtel et commença sa route. La jeune femme avait pour habitude de marcher vite, discrètement et surtout silencieusement. Ses grosses chaussures, des rangers étaient parfaites pour cela. Arme à la ceinture, elle entra dans la première ruelle et la traversa pendant cinq bonnes minutes avant de pénétrer dans la seconde. Une silhouette féminine se trouvait devant-elle. Assez familière cependant. Dans un premier temps Jordana ne chercha pas à savoir et continua à marcher à cinq bons mètres derrière cette femme. Pourtant elle l’observait. Allez savoir pourquoi, par habitude certainement. Mais lorsque cet individu s’immobilisa et plongea sa main dans la poche arrière de son short, Jordana sortit son arme. À force de côtoyer toute sorte de tarés, psychopathes et autres, la jeune femme était devenue un brin… méfiante, pour ne pas dire paranoïaque.

”Tu bouges et je te fais sauter la cervelle”

Sympathique comme première approche non ? Elle tenait en joug la jeune femme et s’approcha d’elle, lui faisant retirer de force ce qu’elle tenait dans sa main. Une simple chaine ? Jordana se sentit d’abord ridicule. Une foutue chaine. Puis elle reconnue son visage. Cette jeune femme… elle était là lorsque Jo’ venait d’exécuter sa première tête.

”Je te reconnais toi. Qu’est-ce que tu fous ici ?”

Sasha vivait depuis assez longtemps dans le sud pour savoir que certaines personnes ne supportaient pas qu’on les regarde fixement et que ça suffisait à donner naissance à un conflit, voilà pourquoi elle évitait au maximum les échanges de regards. Elle avait eut aussi assez de temps pour apprendre à troquer sans pour autant se faire avoir, car avec son jeune âge beaucoup avaient tendance à penser qu’elle était plus naïve. Elle savait également depuis le temps, que si des éclats de voix se faisaient entendre à quelques rues de celle où elle se trouvait, il valait mieux que l’instinct de survie l’emporte sur la curiosité, et par conséquent qu’elle s’en éloigne au plus vite. Mais la jeune femme ne vivait apparemment pas depuis assez longtemps au sud pour savoir quand elle était suivie, ou tout du moins lorsqu’une personne se trouvait derrière elle. Voilà pourquoi elle fut surprise lorsqu’une voix retentit au milieu de cette ruelle peu fréquentée et dans une communauté qui n’était pas la sienne. Face à la surprise, Sasha aurait habituellement sursautée, au point d’en échapper la chaîne qu’elle venait d’extirper de sa poche mais d’après ce que lui avait ordonné la voix féminine inconnue, il valait mieux qu’elle évite. Elle ne put cependant pas empêcher son sursaut, mais parvint à conserver sa précieuse chaîne dans son poids. Et cette fois-ci, elle put entendre les bruits de pas derrière elle, au plus près d’elle jusqu’à ce qu’elle sente un contact au niveau de sa main. Sa chaîne lui fut alors arrachée. Parfaitement immobile, les muscles tendus, il ne lui restait à présent plus qu’à attendre. Attendre pour savoir quel serait son sort. Ce n’était pas la première fois qu’elle était menacée par une arme, après tout qui avait cette chance ici ? Elle avait donc eu l’occasion de s’habituer autant qu’elle avait pu avec cet affreux sentiment, celui qu’elle pouvait perdre la vie à tout instant et qu’elle n’avait aucune emprise là-dessus. Malgré tout, elle réalisa l’absurdité de se faire tuer pour le vol d’une simple chaîne. Car c'est ce qu’elle pensait à cet instant, qu’on la tenait en joug afin de lui voler tout objets de valeurs qu’elle pouvait bien posséder. La liste était plutôt courte à vrai dire. Mais elle réalisa alors que la situation était tout autre lorsqu’elle aperçut le visage de la femme qui la menaçait d’une arme dans son champ visuel droit. Et en effet, ce n’était pas la première fois que leur chemin se croisait. Malgré toutes les exécutions auxquelles elle avait pu assister sur ces terres hostiles, Sasha n’avait pas oublié son visage. Quelques mois plus tôt, cette femme avait abattu un homme, un dealer plus précisément, sous ses yeux bien qu’elle ne s’en était aperçue qu’après. Elle avait alors pointé son arme sur Sasha, et celle-ci avait alors pensé ce soir-là qu’elle serait tuée parce qu’elle avait assisté à un meurtre auquel elle n’aurait pas du. Cependant, elle lui avait finalement laissé la vie sauve, et était repartie laissant le cadavre derrière elle. « Oui… je crois bien que c’est la deuxième fois que tu me tiens en joug en faite… » Un peu téméraire. Ici, un rien suffisait à échauffer les esprits, et sa remarque peu subtile n’était peut-être pas la bienvenue. Mais à vrai dire, depuis qu’elle se trouvait à Tijuana, elle accordait moins d’importance à éviter les risques inconsidérés car il n’y avait rien qui la poussait à protéger sa vie autant qu’elle l’aurait fait il y a quelques mois encore, alors qu’elle se trouvait au nord. Non pas qu’elle cherchait pour autant à se faire tuer, mais elle savait que l’espérance de vie ici était plutôt courte, et qu’on ne pouvait échapper indéfiniment à la mort. « Et il n’y a rien d’autre qui justifie ma présence ici que le… tourisme. » Ridicule, mais vrai. Cependant elle n’était pas certaine que l’autre femme serait du même avis. Peut-être aurait-elle dû mentir, inventer une autre raison plus légitime qui l’aurait poussé à venir ici, dans cette communauté. Mais à présent qu’elle connaissait l’identité de celle qui la menaçait, elle n’était pas aussi certaine de mourir ce soir, car après tout elle n’avait tué ce dealer que lorsqu'il avait sortit un couteau. Or, Sasha n’était en rien une menace puisqu’elle n’avait pas d’arme sur elle. Ah, excepté peut-être ce canif coincé dans sa chaussure droite, qu’elle conservait juste au cas où.

« Oui… je crois bien que c’est la deuxième fois que tu me tiens en joug en faite… » Juste. La deuxième fois que leurs chemins se croisent. La première n’avait pas été très joyeuse non plus. Décidemment elles n’allaient probablement pas devenir cul et chemise. Ce dealer. Sa première cible. Elle avait dans un premier temps décidé de ne pas l’exécuter. Mais elle avait vite compris que sa réaction et ses pleurs n’étaient rien d’autres qu’une ruse. Une balle entre les deux yeux. Puis Sasha. Elle se trouvait à quelques mètres de la mercenaire à ce moment-là. Mais elle ‘était pas armé… juste peut-être surprise ou apeurée. Elle lui avait laissé la vie sauve. Après tout pourquoi la tuer elle aussi ? Elle n’était pas sur la liste. Mais aujourd’hui elle se tenait en face d’elle, une simple chaine à la main. Cette petite chaine avait suscitée chez Jordana une sorte de crainte. Ridicule. Peut-être. Mais lorsque l’on vit à Tijuana il faut s’attendre à se faire tuer par une simple canette de bière. On n’est jamais trop prudent et Jo’ en avait déjà fait les frais.

« Exact. Et tu es loin d’être prudente pour une femme. Tu es armée ? »

Jordana la trouvait un peu trop insouciante. Seule dans une ruelle comme celle-là. Et si ça n'avait pas été elle mais une bande de petits rigolos ou de malfrats ? On aurait peut-être retrouvé son cadavre dans le caniveau du coin le lendemain. A première vue, elle n'était pas armée, mais là encore il faut se méfier. Une lame, un poignard ou même une arme à feu. Si on s'y connait ce n'est pas difficile de dissimuler ce genre d'objet et de s'en servir. Tuer en une à deux secondes... C'est possible. Et c'est ce qui rend Tijuana dangereuse. Il n’y a pas que des enfants de cœurs ici malheureusement. Elle l’a fit avancer de quelques pas, la tenant toujours en joug. Elle ne la quittait pas des yeux. « Et il n’y a rien d’autre qui justifie ma présence ici que le… tourisme. » Sur ces mots, Jordana lui jeta un regard perplexe. Tourisme ? Et puis quoi encore. On ne va pas d’une communauté à l’autre pour le tourisme, pas ici. À moins d’être débile ou suicidaire, on fait en sorte d’éviter ce genre d’escapades.

« Tourisme ? Tu ne serais pas en train de te foutre de moi là ? » Après avoir légèrement tâtée sa taille et son buste, Jordana baissa son arme –en la conservant dans sa main cependant- avant de reculer de quelques pas. « Depuis quand les enfoixés qui nous servent de douaniers délivrent des accès pour tourismes ? »

Son excuse ne tenait pas la route. Jordana voulait simplement s’assurer qu’elle n’avait rien de criminel, voir de dangereux pour elle. Elle lui tendit sa chaine, toujours sur ses gardes. La ruelle était loin d’être propre ni même sure, mais ce n’est pas la pire ici. Les gens sont plus prudents d’ordinaires, ils circulent en groupes lorsqu’ils ne sont pas ici pour meurtres, viols ou trafiques quelconques. Les gros manitous et les sociopathes, eux, se déplacent seuls ou en comités de gros bras. Et cette jeune femme, Sasha, n’a rien d’une meurtrière ou d’une droguée. Elle semble… normale en fait. La mercenaire recula à nouveau pour s’adosser à un pant de mur.

« Bon alors, qu'est-ce que tu fais là ? »

A présent qu’elle savait que ce n’était pas pour être volée puis tuée qu’on braquait cette arme sur elle, et qu’en l’occurrence la personne qui la tenait en joug, si elle se remémorait bien leur première rencontre, ne tuait que si elle-même était menacée d’une arme, Sasha se sentait dangereusement hors de danger. Elle n’avait plus cette horrible sentiment d’être en danger de mort comme quelques instants auparavant, et la peur qu’à tout moment une balle se loge dans sa chair. Après tout, elle était toujours menacée d’une arme et qui plus est, celle qui la tenait semblait loin d’être convaincu qu’elle n’était en rien une menace. Il faut dire que les escapades intra-communauté étaient plutôt mal vu. Et pour l’avoir vu de ses propres yeux, cette femme n’était à coup sûr pas à son premier coup d’essai côté mort. Sasha se sentait par conséquent bien trop confiante vu la situation dans laquelle elle se trouvait. L’autre femme l’avait d’ailleurs remarquée également, et venait de lui en faire la remarque. Mais à trop craindre pour sa vie, on ne finit que par attirer les malheurs. « Excepté ma chaîne, dit-elle en adressant un regard à ce qu’elle tenait dans son autre main, je n’ai rien d’autre sur moi non. » Et par conséquent, pas d’armes. Un mensonge bien évidemment, mais elle n’était pas encore assez insouciante pour donner son unique arme à une femme qui la tenait encore en joug. Il fallait juste qu’elle espère que ça ne se retourne pas contre elle. Quoiqu’il en soit l’autre femme ne se contenta pas de sa réponse et la fouilla, et elle ne savait pas combien elle avait raison. Alors Sasha perdit quelque peu son sang froid mais fit de son mieux pour ne rien laisser paraître et demeurer impassible, se doutant bien que si elle découvrait son canif dans sa chaussure, cela ne ferait qu’envenimer la situation et qu’elle aurait encore plus de difficultés à justifier qu’elle n’était en rien une menace. Après tout, elle ne savait pas à quoi cette dernière pensait, retrouvé celle devant qui elle avait commis un meurtre sur un membre de sa communauté quelques mois plus tôt, ça pouvait toujours donner des soupçons. Mais heureusement pour elle, elle ne la fouilla que du buste à la taille. Et aussitôt, l’autre femme baissa quelque peu son arme sans pour autant l’enlever de son poing. Sasha se détendit alors quelque peu, sans pour autant imiter celle qui lui faisait face et s’adosser au mur. Elle saisit néanmoins sa chaîne que cette dernière lui tendait. « De la même manière que toi tu t’es aventurée au nord il y a quelques mois j’imagine, en faisant allusion à leur première rencontre, j’ai pu me rendre ici sans passer par ces… enfoirés de douaniers comme tu l’as si justement dit. » Les égouts, ce n’est pas un mystère pour les mercenaires qui étaient des habitués de ce passage. Pourtant elles n’avaient rien de cela, ou tout de moins c’est ce que pensait Sasha à cet instant. Quoiqu’il en soit, les bons plans restaient rarement secrets ici, et cela faisait maintenant plusieurs mois qu’elle profitait de ces passages souterrains. Et c’était pourtant bien la première fois qu’elle se retrouvait dans une situation aussi délicate bien qu’elle ne soit à présent plus menacée directement pas son arme. « Écoute, je ne sais pas ce que tu crois et je sais que les apparences ne jouent pas en ma faveur, mais je suis venue ici pour la même raison que la plupart d’entre vous ont choisit cette communauté j’imagine. Je voulais juste profiter d’un autre horizon que le désert qu'est Tijuana. » Un peu d’évasion, l’océan. Elle réalisait à quelque point c’était stupide de prendre autant de risques juste pour ça. Mais pour autant, elle savait parfaitement que si c’était à refaire, elle ne changerait rien excepté de prendre une autre ruelle pour éviter cette confrontation. Et si cette femme lui laissait la vie encore une fois ce soir, elle ne laisserait pas pour autant tomber ces escapades intra-communautés. Qu’est qu’on ne ferait pas pour échapper durant quelques instants à cet enfer qu’était devenu leur quotidien à tous.