Je ne savais plus trop quelle heure il était, mais je n'avais pas le temps de regarder ma montre pour rendre compte de la situation. Des blessés rentraient par la porte de service de l'hôpital. Je ne savais pas quel en était le nombre mais beaucoup d'ambulanciers décrétaient des états d'urgences. J'attachais mes cheveux en un petit chignon et je me redonnais du courage. J'arpentais les allées de blessés. Je m'occupais du premier venus. Celui-ci s'était pris une balle dans le thorax. Je voyais que sa blessure était profonde et avait perforée une partie de ses poumons. Avec mes mains j'appuyais sur sa blessure pour essayer d'arrêter l'hémorragie et j'appelais alors quelques collègues pour qu'il m'aide. « Il faut l'emmener d'urgence au bloc, il se vide de son sang. » Michael, mon plus proche ami vint. «  June c'est impossible, elle est déjà occupée. » Je soupirais. « Alors tu vas laisser cet homme mourir ? » Je devais agir tout de suite, sinon cet homme ne sera plus de ce monde. Je penchais mon visage vers cet homme. « Monsieur, je dois vous opérer maintenant, mais comme la salle est occupée je vais devoir le faire ici, vous êtes prêt ? » Le jeune homme hocha de la tête et réussit à dire quelques mots. « Avec une jeune femme belle telle que vous, tout va bien se passer. » Un sourire s'arrachait de mes lèvres. Je demandais alors tout ce qu'il me fallait pour l'opérer et je lui mit un chiffon dans la bouche pour éviter qu'il ne cri trop fort. J'opérais alors, avec une faible lumière d'une des lampes chirurgicales qui nous restaient. J'enfonçais alors mon doigt dans sa plaie tout en faisant vite pour éviter qu'il ne gémisse. Je réussit à mettre la main sur cette balle bien qu'elle fut coriace à trouver. « Je voudrais qu'on s'occupe de lui, et si vous avez un quelconque problème, appelez-moi. » La jeune infirmière acquiesça et s'en alla près du jeune homme. Je pris alors un chiffon en papier et m'essuya les mains rapidement. On me héla et on me donna des papiers. « Il vient juste d'arriver et il a une énorme blessure qui part de la paupière jusqu'au sourcil. » Je grimaçais, cela ne devait pas être beau à voir. Le pire, c'est que si l'arcade sourcilière était touchée, chose très probable, le sang n'allait pas s'arrêter de couler. « Et où est-il ? » demandais-je nonchalamment. Le jeune interne me montra mon patient du doigt. Mes yeux se posèrent alors sur lui et mon cœur eut un raté. « Il est hors de question que je m'occupe de lui ». Le jeune homme fronça les sourcils. « Ecoutez docteur williams, vous êtes la seule libre en ce moment et sa blessure est sur le point de s'infecter si vous n'intervenez pas. » Je soupirais puis me dirigeais vers lui. Je fermais les rideaux, pour être tranquille et je fixais mes papiers. « Bien..Mr Callaway. Montrez moi donc votre blessure. » J'avais opté pour un ton neutre. Cet homme me donnait l'envie de le tuer, de le faire souffrir. Seulement pour l'instant je devais le guérir et croyez-moi ce n'était pas la chose que je souhaitais le plus au monde. C'était la deuxième fois que je le voyais et il me rappelait ma petite Katie. Cette nuit qui avait changée ma vie à tout jamais.

L'odeur du sang. Bien plus présente dans cet espace clos que dans n'importe quel bâtiment de Tijuana. L'odeur de la mort, qu'il humait à chaque fois qu'il venait à l'Hôpital pour telle ou telle blessure. S'il avait eu le choix, Aahron n'aurait jamais pris la peine de passer la porte du Santa Cruz, et se serait soigné seul, une compresse à la main, une aiguille dans l'autre. Mais non, on l'avait poussé à y aller, sinon il pouvait y perdre son œil si l'infection se propageait au dessous de la blessure. Alors, comme un grand garçon, il avait écouté, et s'était rendu à l''hôpital de la Zone Neutre en fin de journée, pour éviter les affluences de la soirée. Mais dommage pur lui, qu'il fasse jour ou nuit, cet Hôpital de merde était toujours aussi bondé. Habillé d'un t-shirt beige, sali par le sable et la terre, et d'un jean usé, il tenait une compresse sur son arcade, qui s'était remise à saigner juste avant de partir pour la Place Neutre. Maudite fierté. Pourquoi avait-il pris le parti de son ami? Pourquoi n'avait pas lâche le morceau quand il était encore temps? Au lieu de ça, Aarhon s'était battu;, comme un lion peut être, mais il n'en était pas ressorti moins amoché. Un coup droit dans l'œil, l'arcade explosée, le sang qui injectait sa pupille. L'horreur. Mais le flegme du Chef de l'Est avait raison de la douleur, et seulement 4 jours après, il se rendait à l'hopital.
Assis sur un brancard, regardant la folie qui sévissait autours de lui, il fut presque surpris de voir à quel point les personnes de cet endroit était occupée 24h sur 24. Leur cernes laissaient penser qu'ils dormaient encore moins que les autres membres es Communautés. Il en fallait du courage pour soigner les victimes des rixes, et ces gens en avaient dans dans le ventre, s'était certain. Puis il vit cette chevelure brune au loin, ce visage à peine visible qu'il aurait pu reconnaitre parmi mille. June. Cette inconnue qu'il, pourtant, connaissait trop bien. Cette femme qu'il avait du arrêter et qu'il pensait libérer dans la plus grande discrétion avec ces deux petits malades.... Quand il croisa son regard, il détourna brusquement la tête, refusant de voir la colère dans les yeux de la jeune femme. Elle ne savait rien, rien du tout, et le pensait responsable. Ce qui était le cas dans un sens, il n'aurait du laisser cet autre soldat seul. Elle s'approcha, doucement, et la tête qu'elle affichait montrait qu'elle aurait préféré prendre un charge un vieillard plutôt que de venir le soigner. Elle ferma le rideau, pour un peu de tranquillité, et surtout pour laisser derrière elle, cette folie qui grandissait d'heures en heure. D'un ton neutre, elle lui demanda de lui montrer sa blessure et...Aahron se rendit compte à qu'elle point elle était jolie. Une jolie bouche, de très beaux yeux, des boucles brunes. Jamais il ne l'avait remarqué lors de leur deux rencontres, mais...Elle était particulièrement belle. Et complètement crevée surtout."Vous êtes sûr que...vous êtes en état? Oui, il lui proposait d'aller dormir plutôt que de le soigner. Une idée qui pourrait clore leur troisième rencontre avec rapidité, et ce pour le bonheur des deux vamps. Relevant le regard, croisant ses pupilles noisettes, il comprit qu'il valait mieux se taire et lui montrer cette jolie petite blessure qui allait peut être briser la glace. Il retira la compresse de son œil droit, et pencha un peu la tête pour qu'elle puisse bien examiner. "J'ai recousus plusieurs fois mais à, chaque fois les sutures sautent." Comment meubler une conversation en deux phrases.

Un vrai comportement de médecin. Cela étonnait le chef de l’Est, qui, il fallait l’avouer, ne se rendait pas souvent à l’hôpital, préférant jouer au docteur tout seul, avec un peu de whisky, et des compresses. Mais étrangement, June restait sérieuse, notant ce qu’elle voyait, essayant de garder une certaine contenance, malgré la folie qui se propageait derrière le rideau. Car oui, plus les minutes avançaient, plus les bruits dehors devenaient forts, plus les cris emplissaient la grande pièce. La mort avait surement encore sévi à Tijuana. Tandis qu’elle triturait son arcade, retirant les fils de sa blessure, le jeune homme grimaçait à peine, habitué à ressentir cette vive douleur. En tant qu’ancien soldat, la souffrance, il connaissait. Le médecin disparut quelques instants, venant de lui signifier qu’elle allait le recoudre. Encore et oui, mais elle devait être plus agile que lui sur ce point. Puis, elle lui parla d’antibiotique, et là, Aahron tiqua. Des médicaments ? Elle se foutait de lui, ou… « Non, laissez tomber les médocs. D’autres en ont plus besoin que moi. » Fit-il d’une voix rauque. Elle enfonça l’aiguille dans sa blessure, et le Chef plissa les yeux. Agile peut être, mais, soit elle avait la trouille de lui faire mal, soit...Elle était crevée, soit elle voulait vraiment le faire souffrir. Bizarrement Aahron opta pour la troisième solution. L’image qu’elle devait avoir de lui était loin d’être glorieuse, et surtout, était totalement fausse. Mais il ne voulait pas changer cela. Il refusait de lui dire la vérité, sachant très bien que les personnes comme June avaient besoin d’un…responsable. Et si elle n’en avait plus, elle flancherait rapidement, comme lui depuis quelques mois. « Vous…êtes médecin depuis combien de temps ? » Murmura-t-il pour meubler la conversation et essayer de la détendre. Visiblement, travailler dans le Santa Cruz Hospital rimait, avec stress et fatigue. Restant silencieux quelques minutes, attendant qu’elle le recouse proprement, Aahron eut de nouveau un élan de douleur quand elle coupa le fil. « Vous devriez m’apprendre à recoudre comme ça..Je pense que j’en aurais besoin dans le futur » Fit-il, avec un petit sourire à peine visible. Derrière le rideau, le bruit s’intensifiait encore, et le chef lança un regard à la jeune médecin. Peut être qu’elle devait aller s’occuper des personnes qui hurlaient depuis tout à l’heure, car son cas n’avait rien de grave et que... « Vous devriez peut être aller voir…Si vous voulez je peux aider, je sais extraire les balles et…s’il faut calmer des gens, je peux aussi. » Bien entendu, il oublia de préciser que pour lui, calmer les gens, s’était soit les saoulé, soit leur donner une bonne droite dans la figure.

Se racheter? De quoi? D'avoir sauver des centaines de personnes? D'avoir abandonner le dernier soupçon de lucidité qu'il avait, pour tuer des militaires?Visiblement, cette June était certaine qu'il était responsable du massacre qui avait prit place dans sa demeure. Il s'en souvenait encore, voir le corps de cette fillette, voir le visage de son ami, pointer son arme sur sa tempe et tirer sans réfléchir. Ce n'était pas un mauvais garçon, un sergent qui écoutait simplement ce qu'on lui disait, qui suivait les ordres. Mais qui n'"avait pas un mauvais fond. Aahron ne lui en voulait pas d'avoir tué cette petite, non il s'en voulait à lui de ne pas avoir su les protéger tout les deux. Et malgré ce qu'il se disait intérieurement, malgré le fait qu'il s'en fichait un peu que June puisse penser qu'il était un homme sans cœur, le fait de lui mettre ça de plus sur le dos commençait à l'agacer. Oui il avait commis des meurtres, et oui il en était fier. Car les gens qu'il avait tué, de plusieurs balles dans le corps, les gens qu'il avait massacré lors d'une crise de folie, faisaient partis de l'organisation de ce fichu Mur. Ils étaient pour l'envoi de millions de personnes en Enfer, pour la division du monde, pour ce génocide planétaire. Mais jamais, non jamais Aahron n'irait assassiner des innocents. Ils avaient beau être les pères de, ces hommes avaient tracé un trait sur leur humanité le jour même où ils avaient décidé de faire parti du camp des "gentils". " Aahron suffira " fit -il dans un murmure. Mr Callaway, s'était son père, pas lui. Et le jeune homme refusait d'être de nouveau comparer à cette brute qui les avait tout les deux mené à l'échafaud...Jack était mort par sa faute, Aahron était au Sud par sa faute. Alors non, il ne sera jamais Mr.Callaway. Descendant du lit de fortune, il passa sa main sur son arcade, avant de suivre la jeune médecin, et découvrir une chose qu'il haissait depuis toujours à Tijuana - les victimes d'une rixe. Des hommes, des femmes, le visage en sang, certains allongés à même le sol, des cris, des larmes. Encore une fois, la mort avait touché la ville brûlante, une guerre ente deux communautés. Encore une fois, l'hôpital se retrouvait bondé, mle solm jonché de blessés et de cadavres. Aahron restait derrière June quelques instants avant de voir une frimousse familière. " C'est l'Est." Lança-t-il au médecin, avant de foncer vers un petite fille au crane enroulé dans un foulard sombre. Une gamine, une enfant. Errant parmi les blessés, du sang sur son visage, Aahron l'attrapa dans ses bras rapidement, et la fit sortir de ce carnage. Haley elle s'appelait, 11ans, leucémique. Parfois, le chef de l'Est se demandait encore comment la petite réussissait à tenir debout, avec comme seul traitement, des substituts de médicaments. La tenant fermement, il la posa sur le sol doucement, avant de regarder si elle n'avait pas été touché. Il souleva son t-shirt, tâta son dos, retira le foulard qu'elle avait sur la tête. Rien. Juste du sang de quelqu'un qui avait du l'éclabousser. Essuyant le liquide rouge du visage de la petite, Aahron lui sourit à peine. " Ou est Cathy, Haley? " Cathy, la femme qui s'occupait d'elle normalement. La petite pointa du doigt un drap blanc qui recouvrait déjà un corps. Morte, comme beaucoup de membre de la ville depuis un an. Détournant son regard du cadavre, le chef reprit la petite dans ses bras et se dirigea vers June, essayant de ne pas croiser son regard. Que devait-elle penser? " Je peux l'allonger sur le lit où j'étais?..."

Je tirais le rideau et découvrais avec effroi, ce qu'il m'attendais. J'avais entendu son nom qu'il avait murmuré, comme si le fait que je l'appelais Mr Callaway ne lui convenait guère. « Très bien Aarhon, vous pouvez m'appelez June. » dit-je en tentant de sourire. Seulement, le chaos qui régnait dans cet hôpital, ne donnait guère l'envie de sourire. Je ne pus m'empêcher de hocher la tête négativement, voyant tout ses enfants, accompagnés de femmes blessées. Lorsque je vis Aarhon partir et me parler d'Est, je ne disais rien, le regardant tout simplement partir vers une petite fille. Pendant ce temps là, je voyais une personne sur un brancard arriver. Il avait été victime d'une fusillade qui avait éclatée. Parfois je maudissais ses hommes et leurs ambitions de conquérir le territoire des autres. Son corps convulsait, le sang giclait de partout, Je me précipitais alors vers ce malade et je fis mettre le brancard dans un coin, essayant de rassembler mes esprits. Puis soudain, il fit un arrêt cardiaque, «  Amenez-moi tout de suite le défibrillateur et vite ! » Pendant ce temps là, je lui is un massage cardiaque, mes mains étaient pleines de sang, mais je n'en avais que faire, je voulais juste sentir sa respiration. Voyant qu'il ne réagissait pas, je pris le défibrillateur que l'on m'avait apporté et je le chargeais. Je le mis sur sa poitrine priant pour que les pulsations de son cœur reprennent. Comme nos machines on été détruites, je devais donc prendre le pouls du patient avec mes doigt. Je posais mon index et l'annulaire sous l'artère faciale, située à côté du menton. Rien, je ne ressentais rien. Je m'acharnais alors de faire un autre massage cardiaque. « Allez, tu peux pas me lâcher..aller » articulais-je entre chaque pression de mes mains sur son thorax. L'infirmière qui était à côté de moi savait qu'il était mort, qu'il était trop tard mais non, je ne voulais pas me l'admettre. Je continuais ce qu'il y avait à faire, me fatiguant alors. Une main se posa sur mon épaule. « Il est mort, madame, nous ne pouvons plus rien faire. » Je ravalais mes larmes. Peu de mes patients étaient morts, j'en sauvais beaucoup pour la plupart, mais je ne pouvais pas sauver tout le monde. C'est ce que l'on me répétait, mais je m'évertuais à faire tout mon possible, d'insister quand tout espoir était éteint. Car je ne veux pas que cela m'arrive. Que mon espoir s'en aille, alors j'insiste, jusqu'à que je n'en puisse plus. Je remettais quelques mèches derrière mon oreille, les lèvres tremblantes. « Ce n'est pas votre faute docteur, vous avez fait tout ce que vous avez pu. » disait la jeune infirmière. Sur le moment j'avais envie l'étriper, car je ne réalisais toujours pas qu'il était mort. Le sang avait séché sur mes mains, j'avais quelques gouttes sur ma joue droite, je serrais les poings. Je n'avais pas le temps de souffler que je vis Aarhon du coin de l'oeil. Il me demandait alors s'il pouvait mettre la petite fille qu'il tenait dans ses bras dans le lit dans lequel il se trouvait auparavant. Je regardais alors cette petite fille et un coup violent saisissait mon cœur . Elle avait exactement les mêmes yeux que ma petite Katie. Je couvais du regard cet petite, un bref instant avant d'acquiescer de la tête. « Oui, allez-y vous pouvez.. » dit-je comme si j'étais essouflée.

Un frisson parcouru Aahron. La façon dont elle l'avait regardé, la façon dont elle avait regardé Haley. Le prenait-elle vraiment pour un monstre? Un fou dangereux, tueurs d'enfants? Au final, June ne savait même pas pourquoi Aahron était au Sud. Pour elle, il était un militaire, un homme qui était venu chez elle, pas un renégat. Au contraire, le chef de l’Est savait pourquoi la belle était ici. Et il en était en parti responsable. Le jeune homme resta quelques instants immobiles, ne lâchant pas des yeux la jolie médecin, puis se dirigea vers le lit au fond de la salle. Tendrement, il y déposa la petite, fit a attention qu’elle soit bien installée, et referma le rideau. Quelques secondes a rester immobile, réfléchissant, se disant que peut être, il devait lui dire la vérité, même si ça pouvait la bouleverser. De minutes en minutes, il changeait d’avis, se disant que peut être, il pourrait l’aider à oublier ce qui s’était passé dans cette maison. Se retournant alors, pour continuer à aider le corps médical, Aahron vit que la jeune femme était toujours immobile, dos à lui. Il fit quelques pas et s’en approcha doucement. " June, vous allez bien ? " Murmura-t-il en passant devant elle. Les mains ensanglantées suite au décès d’un homme, le visage livide, la jeune femme avait l’air totalement perdu, comme si…Elle avait vu quelque chose de bouleversant. Aahron resta quelques secondes à la regarder, mais ne réagissant toujours pas, il se retourna pour voir si quelqu’un pouvait s’occuper d’elle. La folie s’était calmée, dans le couloir, les gens ne hurlaient plus, bien qu’un bon nombre de draps blancs recouvraient des corps inanimés. " Vous devriez peut être aller vous…reposer… " fit le chef de l’East, sans la regarder, trop occupé à voir s’il connaissait encore du mal dans la pièce. Soit ils étaient morts, soit la rixe s’était passée entre de nouveaux membres. Et cela était surement la meilleure des possibilités. Depuis quelques semaines, des solitaires arrivaient dans les communautés, demandant asile, recherchant une famille, un coin où dormir, ou tout simplement, une protection. Et le Conseil ne pouvait refuser ces entrées, bien que certaines fussent plus difficiles que d’autres. Des tueurs en séries, des violeurs, le Conseil de Tijuana essayait de savoir qui entraient dans la ville, mais à chaque fois, Aahron était sûr que certains mentaient. Et cela, il les surveillait de très près, se permettant même de faire la police seul avec des co-équipiers.
Les yeux dans le vague, le Chef de l’Est se retourna alors vers June, qui visiblement n’avait toujours pas bougé d’un centimètre. Mais quand il fixa son visage, il comprit qu’elle allait rapidement le lâcher. « June…June, regardez moi » A peine-eut-il le temps d la retenir que la jeune femme s’écroula sur le sol. Aahron mit son bas sous son dos pour la relever, et la prit délicatement dans ses bras « Euh ! S’il vous plait, y’ quelqu’un qui pourrait m’aider ? » Fit-il envers le corps médical qui s’occupait des blesses. Personne ne lui répondit, bien entendu, mais une jeune fille, à peine plus âgée qu’une adolescente s’approcha de lui, toucha le front de June, et lui fit signe de l’amener aux toilette pour la rafraichir. Le jeune homme se dirigea vers le lit de la petite Haley et prit le temps de regarder si elle dormait. Et s’était le cas, malgré la chaleur et le bruit de l’hôpital, la petite malade avait réussit à trouver le sommeil. Marchant vers les toilettes, suivant les pancartes, il poussa une porte avec son dos, et resta planté au milieu de la salle d’eau. Où pouvait-il la poser ? Se décidant rapidement, il se dirigea vers les lavabos, ouvrit le robinet de sa main libre, et l’humidifia. Déposant sur le front de la jeune femme quelques gouttelettes, il tapota sa joue doucement « Allez…June réveillez vous, ce n’est pas l’heure de faire la sieste…Putain, vous pesez votre poids! » Se baissant pour l‘allonger sur le sol, Aahron refit le même rituel, en arrosant à peine son visage, espérant qu’elle ouvre les yeux cette fois-ci.

Aspergeant son visage d’eau, je tapotais doucement sa joue, essayant de la réveiller sans lui faire mal. Si en plus elle ouvrait les yeux en me voyant la claquer, l’image qu’elle avait de moi serait encore plus noire que la précédente. Puis en un millième de seconde elle releva la tête, en hurlant de toutes ses forces le prénom Katie. Je faillis me prendre sa tête dans le menton, mais j’eus la chance d’avoir le réflexe de me déplacer pour éviter le choc. Étrangement, elle se blottit contre moi, le souffle court, le cœur battant la chamade. Katie, s’était le prénom de cette gamine, tuée par inadvertance. Je m’en souviens encore, j’avais essayé d’y aller seul, comme d’habitude, mais le nombre de disparition pendant mes convois faisaient douter mes chefs. Ce soldat n’aurait jamais dû être là. Si j’avais été seul, je leur aurais expliqué calmement ce qu’il se serait passé, comment je les aurais aidé à partir mais là…La seule manière que j’avais trouvé était de tout faire dans les règles de l’art pour assommer ensuite mon co-équipier. Parfois, la nuit, je rêvais de ce moment, j’entendais à nouveau ces coups de feu qui avaient mis fin à mes magouilles. Ce passage de ma vie avait brisé tout ce que j’avais réussi à construire suite à mort de Jack. Tout. June était collé à moi, blottissant sa tête contre ma poitrine. Nous ne nous connaissions pas beaucoup mais à Tijuana, les relations se nouaient en quelques minutes à peine. Plus jamais laisser passer une occasion de connaître quelqu’un, voici l’une des devises de la ville du Sud. Alors à ce moment précis, je ne pu contenir les battements de mon cœur qui s’accéléraient au fil des secondes. Plus June restait collée à moi, plus je perdais mes moyens. La dernière femme qui avait été si proche de moi avait été une erreur, une connerie que j’avais fais pour suivre le comportement de Jack. Coucher avec femme parce que son jumeau l’aurait fait. Parfois, je suis vraiment un petit imbécile.
Ce serait mentir que de dire que June Williams n’était pas une belle femme, et ce serait mentir que de dire qu’elle n’était pas le type de femme que j’appréciais particulièrement. Je refusais de la repousser, et à la place, j’entourais son petit corps de mes bras, pour la serrer très fort contre moi « Chut… Calmez-vous…. » Murmurais-je au creux de ses cheveux, déposant un léger baiser sur le haut de sa tête. Comme une enfant, elle devait être bercée. Cet épisode l’avait profondément marqué visiblement, et 1 an après, elle n’avait toujours pas réussi a oublier. Puis doucement, elle s’écarta de moi, j’eus du mal à ouvrir les bras et la laisser partir, sentir quelqu’un contre moi était une sensation qui me manquait terriblement. Elle bredouilla quelques excuses, essuyant mon t-shirt, ce qui fut une terrible erreur, vu la proximité dans laquelle on se trouvait. « Vous n’avez pas à vous excuser…» Fis-je dans un souffle, toujours près d’elle. Durant quelques secondes, je restais immobile, le regard planté dans le sien. La tension était palpable, et à ce moment précis, je ne savais ni quoi dire ni quoi faire. Mais je pris mon courage à deux mains, et me releva rapidement, attrapant sa main au passage pour l’aider à faire de même. Passant ma main sous le robinet d’eau qui était encore allumée, heureusement que nous étions dans les heures d’ouverture des centrales hydrauliques, je fermai le robinet, avant de passer de nouveau ma main humide sur son visage, pour la rafraichir. « Vous devez vraiment aller dormir, ça…ne sert à rien de rester… debout dans cet état. » Bredouillais-je avec difficulté. Appuyé contre le lavabo, ma main sur sa joue humide, je restais silencieux une nouvelle fois. Visiblement, nous étions l’un et l’autre très doué pour communiquer. Très proche d’elle, peut-être même trop proche, je n’arrivais pourtant pas à me reculer. Mais quelque chose m’obligea à le faire. « Aahron ! Aahron putain, t’es où ?! ». Quelqu’un m’appelait dans le couloir….Cette personne allait en prendre pour son grade. Ne lâchant pas des yeux June, je dû pourtant me retourner. Faisant quelques pas vers la sortie, je m’arrêta brutalement, et me retourna à nouveau, déposant un rapide baiser sur la joue de la docteur. « Reposez vous bien, je viendrais prendre de vos nouvelles demain ». Je ressemblais à un véritable débutant. A un garçon pré-pubère qui ne savait pas comment s’y prendre. Alors que j’approchais dangereusement des 35ans. Foutu timidité.

La personne qui m'appelait et m'obligeait à partir devrait avoir une bonne raison...Sinon, il comprendrait le sens du mot " connard" en un rien de temps. Non, je n'étais pas énervé, juste...déçu de devoir partir si tôt. Je voulais la connaitre, lui montrer que je n'étais pas ce monstre qu'elle voyait en me fixant dans les yeux, que je n'étais qu'un petit con qui avait essayé de sauver des gens sans vraiment réussir. Oui je me haïssais d'avoir fait tuer cette gamine, oui je me haïssais d'avoir abandonné mon frère, oui je me haïssais d'être aussi fermé, taciturne, et déprimant. Mais je ne voulais pas que June pense cela de moi. Je voulais qu'elle puisse voir qu'au fond, je n'étais pas mauvais et pas si gros dur que ça, je voulais qu'elle me tende la main pour m'aider à me relever, je voulais lui permettre de retrouver le sourire. Marchant doucement vers la sortie, je me retournai une dernière fois, et n'eus pas le temps de lui parler que ses lèvres se plaquèrent aux miennes dans une rare violence. La douceur de sa bouche contre la chaleur de mes lèvres, mais mains se posèrent instinctivement sur ses hanches délicates, et je ne voulais pas que ce moment se termine. Non, je n'étais pas ce genre d'homme, fleur bleue, totalement à l'ouest quand une femme l'embrasse, mais...Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas senti les lèvres d'une personne qui m'attirait contre les miennes, que j'avais l'impression que quelque chose s'était rallumé en moi. Le désir. Quand June se détacha, je du reprendre mon souffle, et les seuls mots que je comprenais étaient "ne vous faites pas tuer " et "pas obliger de revenir". Mon esprit était embrumé, je n'arrivais plus à réfléchir, et alors qu'elle me faisait signe de partir, l'inconnu continuant de m'appeler, je n'avais qu'une seule idée en tête. Plaquant de nouveau ma bouche contre la sienne, je la poussai doucement vers le mur d'en face, collant son dos a la faïence blanche. Lèvres contre Lèvres, langue contre langue, mes mains caressaient doucement ses hanches et son ventre, m'empêchant d'aller plus loin. Mon dieu, cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas senti ce feu bouillir en moi. Me détachant violemment d'elle, je repris à nouveau mon souffle, et lui sourit " Au cas où...je me ferais tuer" Fis-je dans un murmure. Déposant un dernier baiser sur sa bouche rosée, je fis quelques pas vers la sortie, ouvrit la porte et découvrit l'un de mes adjudant adossé au mur d'en face. Se penchant doucement, il regarda à l'intérieur de la pièce, et se mit à sourire en voyant June ." Pas une remarque" Lui dis je " J'espère que tu as une bonne raison de m'appeler car sinon..." Le doigt pointé sur lui, il continuait de sourire, ne pouvant s'empêcher de regarder vers les toilettes, croisant surement le regard de la jolie docteur " Si j'avais su, je ne t'aurai pas dérangé...." S'exclama-t-il en faisant un petit clin d'oeil à June Williams. Certains étaient nés charmeur, d'autres non visiblement. Je regardai une dernière fois vers la porte, me mordit la lèvre inférieure, et disparut avec John Connors dans le couloir, en n'oubliant pas de fermer doucement la porte des toilettes.