"Arrêtez de me regarder avec cet air condescendant! Ok, j'vous fais un résumé de ma vie, même si Joshua vous a déjà tout dit. J'ai vécu mon enfance dans une petite ville à la frontière du Mexique. Ouais, je vivais avec cet énorme bloc de béton devant ma maison. J'avais un frère, un jumeau, Joshua, que je considère comme mon grand frère, car il a toujours été le plus intelligent de nous deux, le plus débrouillard. Pardon?Ouais, on a toujours voulu détruire ce Mur, surtout quand nos parents nous ont appris que des gens y seraient envoyés derrière, et abandonnés. On plaçait des pétards le soir pour faire peur aux militaires, on piquait leur armes, on avait 11ans, on était déjà plus rusés qu'eux. Puis... Après le lycée, on est partis tout les deux à New York, pour pouvoir agrandir notre champ d'action. Ah oui, durant notre adolescence, Joshua avait mis en place un groupe révolutionnaire sur le net, Kartov ça s'appelait, le mélange de nos surnoms Karoe et Tovaline, dans un jeu video. C'était un groupe contre le Mur de séparation. Il ne pensait pas avoir autant de succès mais quand on a débarqué à New York, de nombreuses personnes connaissaient ce mouvement et y adhéraient. Bien entendu, très peu savaient qu'il était dirigé par deux gosses de 20ans. Ce que je faisais là-dedans? Joshua faisait connaitre le mouvement, et moi... Je participais à la mise en place des attaques. Euhm, j'allais au marché noir pour acheter des armes, des matériaux pour confectionner des bombes et... Pourquoi moi? Joshua savait que j'aimais ça, les armes, me battre. Quand j'étais gamine, j'avais beau le suivre partout, s'était moi qui me battait quand un autre gosse l'attaquait. Étrange n'est ce pas? Il était mon modèle, mais s'était moi le chien de garde. Qu'est ce qu'il s'est passé? On enchainait manifestations sur manifestations et un jour, j'ai été arrêté. Joshua a littéralement pété un câble, il a essayé de payer une caution, les flics ne voulaient rien savoir. Ils me gardaient car ils savaient que j'avais un lien avec le chef de Kartov. Non, ils ne se doutaient pas que s'était Joshua. J'ui restée 48heures dans une cellule minuscule, sans boire, ni manger. Ouais je sais que c'est interdit, mais allez dire ça aux flics de Manhattan. Comment j'ai pu être libéré? Je leur ai promis de leur donner des informations sur les agissement de Kartov. Un inspecteur m'avait été assigné. Oui, je sais que j'ai vendu mon frère, mais...je leur disais juste où on allait attaquer, où les bombes seraient posées...La plupart de nos attaques ont été stoppé après ça, et Joshua ne comprenait rien, il se doutait que y'avait un vendu à Kartov mais il n'a jamais pensé que ça pouvait être moi. Non! Je n'ai pas vendu Kartov juste pour être libérée! Je l'ai fais pour lui! En fouillant, ils auraient compris que s'était lui le chef! Ils l'auraient arrêté et... Oui je me calme. L'inspecteur qui me suivait a finalement compris que s'était Joshua le chef. Il m'a dit qu'il l'arrêterait, mais qu'il me faisait une faveur et me permettait de m'enfuir. J'ai refusé. A part lui, personne savait que s'était mon frère était à la tête de Kartov donc... J'l'ai tué. Trois balles dans la poitrine, et je suis partie. Joshua n'a jamais rien su. Trois mois plus tard, on s'est fait arrêter lors d'une manifestation par d'autres flics. Après plusieurs interrogatoires, ils ont compris qu'on était tout les deux la tête de Kartov. On a été frappé, insulté de tout les noms mais...Joshua a alors conclu un marché. Il dissoudrait Kartov, acceptait d'aller au Sud mais moi, j'étais libérée en contrepartie. J'ai refusé quand les flics m'ont proposé, mais ils s'en foutaient, Joshua avait déjà fais un communiqué de presse pour détruire le mouvement. Alors pendant un dernier interrogatoire, j'ai tout balancé, je leur ai dis que j'avais tué un inspecteur, qu'ils n'avaient qu'a contacter leurs collègues pour avoir les informations dessus. J'ai été mise en prison et demain, je vais être envoyée au Sud. Oui, Joshua y est depuis trois mois, et il pense que je suis libre. Non, j'ai demandé aux flics de ne rien dire sur ma condamnation. Pourquoi je ne veux pas que mon jumeau apprenne que je vais le rejoindre? Il a tout abandonné pour moi, il a laissé tomber Kartov, ses idéaux, sa vie. Et qu'est ce que j'ai fais moi? J'ai vendu des informations, j'ai tué un homme, je lui ai caché la vérité. Joshua m'a donné sa vie. Et je l'ai trahis.

" Par où commencer, euhm... Je viens d'Alaska, j'y ai vécu toute mon enfance, et mon adolescence. Oui, j'ai été adopté à ma naissance, la femme qui m'a mis au monde a accouché sous x. Pourquoi je ne l'appelle pas maman? Je ne la connais, elle m'a juste donné la vie, ma vraie mère, c'est la femme qui m'a élevé, qui m'a aimé. J'avais 10ans quand j'ai appris que j'avais été adopté, ma mère et mon père refusait de me cacher la vérité. Au départ, je l'ai bien pris, pour moi ça ne changeait rien, ma mère restait ma mère, mon père restait mon père. Mais...J'ai commencé à changer. Parfois, je me réveillais dehors, avec d'autres vêtements sur moi, et je ne savais pas comment j'étais arrivée là. Une fois même, ma mère est venue me voir pour demander des excuses sur mon comportement lors du diner, et...je ne me souvenais pas d'avoir manger, ni avoir été agressive envers elle. Oui, je pense que ma...maladie s'est déclenchée quand j'ai appris mon adoption et...Pourquoi vous me regardez comme ça? Vous ressemblez à un gros porc en manque! Vous faites pitié! Vous savez quoi? J'ui contente d'aller derrière ce foutu Mûr, j'avais envie d' être libéré de tout ce bordel de docteurs et d'hôpital et...Excusez moi, j'ai ...Elle était là, n'est ce pas?! Je...J'espère qu'elle n'a pas été trop vulgaire, je...D'accord, je me calme. Mes parents ont compris que j'avais...un problème quand j'ai eu une crise violente, où j'ai dis que je les haïssait. J'avais 13ans quand j'ai été voir pour la première fois un médecin spécialiste du comportement, et après différents examens, on m'a diagnostiqué un dédoublement de la personnalité, qu'on appelle dédoublement manichéen - d'un côté, il y a moi, Solhan, respectueuse, gentille, et de l'autre...Il y a Olivia, violente, et très vulgaire. Au départ, je ne prenais pas conscience de son existence, et elle non plus ne savait pas que j'existais, mais au fil des années, nous avons appris à vivre ensemble, même si je ne me souviens jamais de ce qu'elle fait quand je suis absente et vice versa. Si je parle avec elle? A partir de 28ans, oui on a commencé à ...s'entendre sur quelques points, et étrangement, on peut à présent se parler. Les médecins disent que c'est normal, que la maladie évolue, et grâce à ça, on commence à se comprendre, même si nous sommes deux entités opposées dans un même corps. Moi je supporte sa présence, même si son comportement m'exaspère, j'ai besoin qu'elle intervienne des fois, qu'elle prenne ma place. Mais elle, elle me l'a dit clairement, elle voudrait que je disparaisse entièrement pour qu'elle puisse vivre sa vie. Comment a été ma vie après cette découverte? Je n'en ai pas eu. Des amis? Quelques uns, mais...quand vous les insultez de tout les noms, la relation amicale devient...compliqué. Pareil pour les petits amis. Une fois, Olivia est arrivée alors que...alors que je faisais l'amour avec mon petit ami de cette époque. Elle l'a mordu au sang pour qu'il parte. Nous n'avons pas du tout les mêmes gouts en matière d'hommes, et d'amis...Elle préfère les gros durs, je suis plus fleur bleue on va dire.Et je n'ai pas pu suivre correctement des études, car elle ne le voulait pas, donc j'ai suivi des cours des littérature française par correspondance. Elle n'aime pas ça mais...Je la laisse faire la fête la nuit, elle me laisse lire Flaubert et Victor Hugo la journée. Oui oui, je suivais de près les informations sur le Mûr, et je savais très bien que j'allais y être envoyé. Olivia aussi, et...Elle avait l'air très contente quand on n'a pas reçu de passeport. Mes Parents? Au lieu d'essayer de nous cacher ou je ne sais, ils nous ont donné toute les clefs pour survivre. Comment? Ils nous ont proposé des cours de tirs, de combat. C'est étrange, je sais, mais, s'était la seule manière pour nous aider. Pourquoi je dis tout le temps nous? J'ai beau être un seul corps, on est deux la dedans. Est ce que j'ai peur? Non, elle est là pour nous protéger, Olivia est violente quand on s'attaque à notre corps. Et puis vous savez, j'ai 34ans, une vie sociale au bord du gouffre ,et... Peut - être qu'au Sud, on se plaira, on réussira à vivre ensemble. Et si un jour, elle me demande d'abandonner et qu'elle me donne de bonnes raisons, je le ferais, car elle aura plus de chance de survivre que moi. Je pourrais enfin vivre en paix, même si ça signifie devoir abandonner mon corps, et mourir.

"Franchement je n’ai rien à vous dire. Vous avez décidé de m’envoyer dans un endroit où les éléments indésirables à votre société idéalisée n’ont aucune place, que voulez – vous que je réponde à ça ? Vous voulez que j’avoue ma faute mais quelle faute au juste ? Parce que vraiment aux yeux de la loi je ne pense pas en avoir commise. J’ai aimé mon prochain, est-ce un acte que votre nouvelle société ne peux accepter ? Si c’est le cas, vous faites peut être bien de m’en éloigner puisque je ne pourrais me résoudre à changer… Comment ? Vous voulez que je vous raconte ma vie c’est ça ? Vous détestez à ce point ceux qui osent mettre en doute votre sélection … Franchement pathétique ! Je n’ai rien de spécial à raconter. Je suis originaire du Texas, comme vingt-trois millions d’Américains. Ma vie n’a jamais été bien exceptionnelle jusqu’à ce fameux printemps 2070 où je me suis rendue compte de ma « différence ». Une différence, tu parles ! Je vois vraiment pas le mal à être autant attiré par sa meilleure amie que par son meilleur ami. Au moins personne ne pourra dire que j’ai été bien difficile dans ma vie… Passons, à l'âge de 18 ans, comme tous jeunes américains, j'ai quitté la maison familiale pour me rendre dans à l'université afin d'obtenir un diplôme en droit. Ces années universitaires ont certainement été les meilleures, pleines d'aventures et de découvertes qui doivent vous donner la nausée et vous empêcher de dormir la nuit. Mais soyons francs, vous pensez réellement que votre petit mur vous protègera de la réalité des choses? Avec vos envois la seule chose que vous récolterez réellement c’est la haine. Tant celle de vos citoyens que celle de ceux que vous envoyez derrière ce Mur... Comment ça mon opinion ne vous intéresse pas? En plus de m'exclure de la société vous pensez réellement que je vais rester silencieux? Quelle bonne blague... Puisque vous êtes si avide de connaitre mon passé, le voilà. J'ai été dénoncé par mon ex petite amie, elle qui avait toujours eu ce même discours concernant ma bisexualité. Non cela ne la dérangeait pas, pour elle j'étais juste un mec comme tous les autres mais j'imagine qu'elle a bien vite changé d'avis le jour où je l'ai quitté pour un autre. En même temps, elle l'avait bien cherché, après tout c'était son idée à elle de tester l'amour que je lui portais en me présentant son ami gay. Son double masculin comme elle l'appelait, les défauts typiquement féminins en moins. Beau gosse, brillant, ambitieux... La tentation était bien trop grande. Alors oui j'avoue, mon comportement n'a pas été des plus respectable mais, encore une fois, c'est elle qui s'était mise en tête d'organiser cette rencontre. Je ne pensais pas qu'elle le vivrait aussi mal par contre, encore moins qu'elle irait jusqu'à me dénoncer pour se venger de notre rupture. J'ai été arrêté quelque temps plus tard dans mon bureau de Manhattan, en plein rendez-vous avec des clients qui, justement, me demandaient s'il y avait un moyen juridique pour eux de sauver leur fils malade d'un imminent envoi au Sud. Je n'ai rien pu faire pour ce gamin, comme je n'ai rien pu faire pour moi même. C'est pourquoi je suis aujourd'hui assis devant cette satané caméra pour ma dernière journée en société. Mais pour être franc avec vous, si société rime avec homophobie je préfère encore être envoyé Dieu sait où."

"Je ne vois pas pourquoi je vous parlerais, sales américains. Pardon? Un problème peut-être? Agressif, moi? Allez dire ça à vos G.I en costumes à Tel-Aviv. Je ne me souviens pas qu'Israël ait été répertorié comme un état des États-Unis d'Amérique. C'est vous qui êtes venu chercher le conflit. On ne récolte que ce que l'on sème. Comment? La guerre est finie ? Cela fait combien de temps que vous n'êtes pas allé en Israël ? La guerre n'est pas finie et à mon avis, elle n'est pas prête de l'être. Quoi ? Raconter mon histoire ? C'est encore une blague façon américaine ? Vous ne la connaissez pas ? Vos petits registres du FBI et autres organisations alphabétiques ne sont pas à jour ? [rire] Vous êtes décidément pathétique vous les américains. Allons bon. Pourquoi pas. Once upon a time, comme on dit chez vous. Je suis né dans un village près de Jérusalem. Un mois après ma naissance, mes parents m'ont abandonné dans un orphelinat parce qu'ils n'avaient pas assez d'argent pour m'élever. J'ai passé quinze ans dans ce foutu orphelinat. Et pendant quinze ans, je n'ai pensé qu'à vouloir en sortir. Le jour de mes seize ans, un abruti de maitre d'école nous a emmenés voir une exposition. C'est là que je suis parti. Je me suis cassé quand il a eu le dos tourné. Qu'est-ce que j'ai fait après ? Je me suis débrouillé. J'ai trainé dans la rue pendant deux ans avec d'autres jeunes. J'ai appris à me défendre et à vivre tout seul. Comment j'ai fait pour survivre ? Quelques armes, un peu de vol, du génie et du cran. Lorsque vous avez un QI de 135, tout est toujours plus facile... Tout est facile. C'est facile de nos jours de tromper les gens. Il suffit de bien savoir parler et ils croient que vous les connaissez depuis des années. Je me suis donc trouvé un boulot, un logement, une voiture, etc. Et puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvé aux côtés de gens plus ou moins importants. Être aux côtés de personnes puissantes, il y en a à qui cela fait peur et d'autres que cela intéresse. La suite vous la connaissez. J'ai été contacté par des membres de l'organisation qui vous fait tous frémir et je suis devenu un de leurs plus fidèles membres. Ils m'ont formé et m'ont montré le vrai visage de mon pays et ce qu'en avait fait le vôtre. En 2076, j'ai été envoyé à New York pour infiltrer une cellule gouvernementale. Je renseignais méticuleusement mon pays et d'autres membres infiltrés aux Etats-Unis. Le 17 octobre 2080, lors du congrès annuel de l'ONU, j'ai aidé à faire exploser une bombe. Ensuite...euh non. Je crois que vous le savez déjà. Alors que dire d'autre? L'un de mes complices ou devrais-je dire de mes ex-complices, qui faisait un peu dans son pantalon, m'a balancé. Shalom à son âme de traitre. Depuis cinq ans je suis en vacances dans une de vos...ravissantes prisons haute-sécurité. Car malheureusement, je n'ai pas posé cette bombe. Malheureusement, je peux toujours vous servir et malheureusement il n'y a jamais eu assez de charge contre moi pour me faire condamné à mort. Et tout cela, grâce à vos lois... Mais, je crois que ce petit allez simple pour « l'autre côté » va vous satisfaire."