"Je ne veux pas vous parler. Pourquoi? Comment vous pouvez faire ce boulot? Comment vous pouvez...Oui, je suis obligée de vous raconter, sinon, un coup de matraque, c'est ça? Je suis née dans le Dakota du Sud, dans une famille très croyante. Nous allions tout les dimanches à la messe, j'étais dans une école privée pour filles et... Non ça ne me dérangeait pas, j'ai été éduqué comme ça, pour moi s'était normal. Oui j'étais fille unique. J'ai suivi le code de mes parents jusqu'à ma majorité, je croyais en l'amour , vous savez celui dont on nous parle quand on est gamine pour nous empêcher d'aller embrasser les garçons. Oui, pas de sexe avant le mariage. Puis tout à changé quand j'ai eu 22ans...On m'a diagnostiqué un cancer de l'utérus, de stade 2. Au début, je n'y croyais pas, car...j'étais trop jeune. Mais c'était possible. Après plusieurs opérations, et une chimio, les médecins m'ont annoncé que je ne pourrais jamais être mère, mais que j'étais guérie. L'ironie dans tout ça, c'est que...j'avais commencé des études en pédiatrie. Ça n'a rien de marrant, je sais. J'ai repris le cours de ma vie à 25ans, et j'ai abandonné toute croyance en Dieu, car j'me disais qu'il ne devait pas exister pour enlever ce don à une femme qui avait toujours suivi ce qu'il voulait. Pardon? Oui je suis devenue pédiatre, j'ai eu la chance de pouvoir reprendre mes études sans problèmes, et j'ai même finis dans major de ma promotion. Pardon? Pourquoi vous voulez parler de ma vie amoureuse? Ah, d'accord, oui j'ai eu des aventures , mais peu d'hommes acceptent le fait qu'ils ne pourront jamais être père. Je me suis donc réfugiée dans mon boulot et dans ces gosses qui me rendaient heureuse. Ma famille? J'ai coupé les ponts avec eux à la fin de ma chimiothérapie. Pourquoi je suis ici? Quand j'ai compris qu'ils enverraient aussi les enfants derrière ce Mûr, je n'ai pas pu supporter de voir ces petits arrachés à leur famille. J'ai donc pris l'initiative, avec d'autres médecins, de les cacher, jusqu'à la fin de leur traitement. Oui, les enfants qu'on soignait n'étaient pas en stade final, il pouvait donc tous guérir. On les cachait soit, dans les sous sols de l'hopital, soit chez des médecins, des infirmiers ou...Chez leur parents? Non, certains avaient besoin de soins quotidiens, et c'était beaucoup trop dangereux. Je pense que quelqu'un n'a pas tenu sa langue, et quand...Deux militaires ont débarqué chez moi, en pleine nuit, j'ai fais l'idiote, je leur ai dis que j'avais toujours un cancer mais... Ils venaient juste pour les deux gamins que je cachais. Et moi j'étais l'obstacle. L'un est allé vers les chambres, l'autre est resté dans l'entrée en me tenant fermement. J'ai réussi a me défaire de son emprise et j'ai couru en hurlant aux petits de s'enfuir. En me voyant, Katie s'est mise a courir, mais le militaire tenait déjà Mikael. Je l'ai frappé de toute mes forces et... il y a eut une détonation. Puis le silence. Le militaire qui tenait Mikael m'a fait signe de le suivre et dans l'entrée, Katie était sur le sol, son pyjama en sang. Mes yeux rivés étaient sur son corps et le militaire a caché le visage de Mikael. L'autre soldat était immobile, l'arme pointée sur Katie. Quand j'ai entendu une seconde détonation, j'ai relevé le visage mais je savais ce qu'il avait fait. Oui, il s'était suicidé. Une balle dans la tête. Le soldat m'a donné Mikael, et m'a demandé de le suivre dans la jeep, et j'ai fais ce qu'il disait. Il n'arrivait pas à lâcher des yeux son co-équipier, qui était mort, mais... Vous ne dites plus rien? Ne me dites pas que vous n'étiez pas au courant de ces pratiques? Vous vous rendez compte qu'il a tué une enfant de 12ans qui était seulement malade?! Oui, bien sûr... Où est Mikael maintenant? Pendant le voyage jusqu'à vos bureaux, le soldat qui nous avait arrêté m'a demandé si le petit avait des chances d'être soigné, et surtout s'il avait un endroit où aller. Je lui ai dis que oui, et on a déposé Mikael dans une famille. Il voulait aussi que je m'enfuie mais j'ai refusé. Pourquoi? Je ne pouvais pas continuer à vivre avec ce poids sur la conscience. Est ce que vous, vous pourriez continuer d'exister, en ayant entrevu une telle barbarie? Ne dites pas oui, ce serait un mensonge.

"Vous n'auriez pas une clope? Merci...De toute façon, quitte à mourir d'un cancer. Oui, j'fume depuis que j'ui gosse, j'voulais faire comme les grands, vous voyez le genre? D'où je viens? De Chicago! Ma mère est américaine, mon père italien. Il a immigré y'a pas mal de temps. J'ai vécu dans un milieu riche de Chicago, dans une belle baraque, avec des gardes du corps. La totale quoi. Vous savez, j'étais au courant que mon père trafiquait des trucs mais...c'est qu'a 16ans que j'ai compris qu'il était l'un des chef de la Mafia italo-américaine. Je pense que ma mère a réussi à me protéger jusqu'à cet age là, voulant garder en vie son seul fils. Mais à 16ans, on doit devenir un homme comme mon père le disait souvent et dans la famille, ça signifie une seule chose. Ouais, tuer. J'avais jamais tenu de flingue de la vie, et je me retrouvais à devoir butter un gars qui n'avait juste pas payer mon père . J'm'en rappellerais toujours de ce regard. Non pas un regard de pitié, il voulait mourir, ça se voyait, mais il avait l'air...serein, oui c'est ça. Vous savez quand vous êtes dans le collimateur de mon père, c'est terminé pour vous. Donc ce gars avait raison de vouloir mourir, il aurait vécut l'enfer s'il était resté en vie. Mon père? Il était spécialiste dans les blanchiments d'argents et les règlements de compte. Oui, il envoyait ses gros bras pour faire peur, et vu que je me suis révélé bon en...nettoyage , il m'envoyait pour faire le ménage, si vous voyez ce que je veux dire. Ouais, j'avais à peine 18ans. Nan, je n'allais plus à l'école, ça ne m'intéressais pas, et puis, vous savez, malgré tout ce qu'il a fait, je voulais juste qu'il soit fier de moi, et avec ce boulot, il l'était, j'étais dans les meilleurs de la ville malgré mon age! Ce qui a changé? Je ne vais pas faire dans l'originalité, mais ... C'est une fille qu'a tout foutu en l'air. Une jolie petite nana, complètement à l'opposé de mon univers. J'avais 28ans à peu près, et pour elle, j'ai tout quitté. Non, mon père n'était pas au courant, et quand j'ai dégagé, seule ma mère savait où j''allais. On s'est installés au Mexique, drôle de coïncidence, non? Elle s'appelait Sélène, elle venait de finir son école d'infirmière, elle était...géniale. Elle...elle a été tué par un homme de main de mon père. Oui, il avait réussit à retrouver ma trace. Ça faisait trois ans qu'on vivait ensemble, libres, et en sécurité. J'travaillais comme plombier, elle comme infirmière dans un petit hôpital. La police était déjà dans notre maison quand je suis arrivé. J'ai compris directement. Non, selon les flics, elle n'a pas souffert, une balle dans la tête. Oui, un message à me faire passer, c'est tout, elle n'était qu'un obstacle pour mon retour au bercail et... elle a été éliminé. Pourquoi l'avoir tué? Elle m'avait offert une autre vie, une opportunité de ne pas devenir comme mon père, de ne pas reprendre l'entreprise familiale, ça suffisait pour eux. Oui, elle était au courant de mon passé, et savait que y'avait des risques à vivre avec moi. Mais elle me disait toujours, que elle s'en fichait de ce que j'avais fais, qu'elle m'aimerait quand même, quitte à mourir pour moi. Oui, je suis retourné à Chicago juste après son enterrement et j'ai repris le boulot. Non je n'ai plus jamais parlé de Sélène jusqu'à aujourd'hui. La venger? Elle m'avait fait promettre de ne pas le faire. Par la suite, je faisais tout ce que mon père me disait de faire, je tuais sans réfléchir. Pardon? Vous êtes un marrant vous, on ne peut pas être heureux quand la femme qu'on aimait a été assassiné par son père, juste pour vous faire revenir à la maison. Je survivais, c'est tout. Et pour cela, je devais occuper mes journées, sinon j'aurais pété une durite. Je sais, drôle d'occupation que de tuer des gens pour le compte de la Mafia. Ouais, je suivais de près les débats contre le Mur de séparation, et je savais que s'était la seule manière pour lui échapper, passer de l'autre côté. Alors un jour, j'ai tué un homme que je devais buter et j'ai appelé les flics, et j'ai attendu. Quoi? Non je ne les ai pas balancé. Aucun des amis de mon père, ni lui en fait. Pourquoi? Il a beau avoir tué la femme que j'aimais, il a beau m'avoir volé ma vie, il reste mon père. Et je voulais simplement me défaire de son emprise. Et n'ayez pas peur pour moi, le Sud, à coté de la mafia italienne, c'est de la rigolade.

" Y'a rien à expliquer, j'ai juste foutu en l'air ma vie. C'est normal que je me fasse envoyé là-bas. Vous savez, j'ai toujours voulu être chirurgien, dès petit je m'amusais à ouvrir mes peluches et à les recoudre. Oui, mes parents m'ont poussé à faire de ma passion un métier, et j'ai eu de la chance qu'ils puissent me payer mes études. Oui, ma famille était l'une des plus grandes fortunes de Miami, ils avaient gagné le pactole en gérant des hôtels de la ville. Non je ne profitais pas de leur agent, j'ai bossé dès que j'ai pu pour être indépendant. J'étais l'un des meilleurs dans ma promotion, je me suis spécialisé en chirurgie cardiaque dès que j'en ai eu l'occasion. Pardon? J'ai été promu chirurgien à l'age de 33ans, avant bien entendu y'a eu l'internat et tout et...Non ça c'est vraiment très bien passé. Puis tout à changé. Trop de boulot, trop de patients, trop d'opérations, pas le temps d'avoir une vie à coté et...Oui je m'y attendais mais je pensais être capable de tenir le choc. Et finalement non. Oui, c'est là que j'ai commencé à prendre des amphétamines. J'avais pratiquement 35ans. C'était juste pour me rebooster, pour permettre de toujours être présent si y'avait une opération d'urgence mais... Plus les semaines avançaient , plus j'en prenais et je ne me rendais pas compte que...j'étais dépendant. Je devenais de moins en moins conscient des risques que je prenais à l'hôpital. Je ne dormais pas, et j'enchainais les opérations et les autres chirurgiens s'en sont rendus compte. On m'a donné des jours de congés, enfin...On m'a plutôt obligé à les prendre. Non ça ne s'est pas calmé au contraire. Les amphet' ne me suffisaient plus. Je suis passé à l'héroïne sans vraiment m'en rendre compte. J'arpentais les rues de Miami la nuit, j'achetais gros à chaque fois et...je continuais à bosser. J'ai commencé à maigrir, à ne plus me contrôler mais pourtant, personne ne me disait rien...Sincèrement? Je pense que les gens ont compris que j'avais...une addiction mais j'étais le meilleur chirurgien de l'hôpital, des gens de l'autre bout du pays venaient pour que je les opère, imaginez la publicité pour l'hôpital. Je n'étais plus le même, je changeais de comportement en un millième de seconde, s'était...incroyable. Puis un jour, ce qui devait arriver arriva. J'étais en train d'opérer une jeune femme, quand j'ai pété un câble. Je venais de me prendre un rail d'héroïne et...J'ai lâché le scalpel dans son abdomen, et j'ai appuyé très fort dessus...Les infirmières ont pris quelques secondes à réagir, elles m'ont attrapé le bas, ont essayé de me dégager et je me suis mis a hurlé des choses horribles. Lesquelles? Crève sale pute....Voila ce que je répétais contre la patiente. Un autre chirurgien est arrivé et il a réussi a réparer les dégâts que j'avais engendré...Ouais, la membrane de son cœur avait été touché. J'ai été enfermé dans une pièce tandis que l'hôpital appelait la police. J'étais calme quand ils sont arrivés, ils...m'ont mis les menottes dans la plus grande discrétion et certains de mes confrères...se sont excusés. Pourquoi? Ils le savaient, maintenant j'en suis certain. Ça se remarque quelqu'un qui est accro à l'héro. Et ils savaient que je ne reviendrai jamais, que mon passeport allait m'être repris. Après, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, c'est le noir total. Ouais, on m'a dit que j'ai été mis dans un centre de désintoxication par mes parents pendant 5mois et... Ouais seulement. Ça ne servait à rien, ma famille s'était résigné à voir partir leur fils pour le Sud donc...j'ai été ensuite enfermé dans une prison de la banlieue de Miami pendant 1 ans. Maintenant je suis devant vous. Si je suis guéri? Je n'en sais rien. Quand j'y pense, deux sentiments se mêlent, l'un est le désir, l'envie insoutenable de ressentir cette émotion que l'héroïne offre et de l'autre côté...Je revois cette femme que j'ai failli tuer...Je ne peux pas vous assurer que de l'autre coté, je ne replongerais pas. J'essayerais de ne pas en reprendre si j'en trouve. J'essayerais pour sauver mon honneur et surtout...Pour me faire pardonner. Non pas par Dieu, je suis athée. Par moi-même...Par ce médecin qui à laissé le monstre prendre possession de son corps.

"Je ne vois pas ce que je fous là, mais visiblement je ne pourrais pas y échapper donc... Par où commencer? Je suis née dans une petite ferme du Mississipi, mon père était éleveur de chevaux et ma mère travaillait dans une droguerie. Rien de très passionnant. Fille unique, j'ai passé toute mon enfance partagée entre les bords du Mississipi et les bras de mes parents très protecteurs. Peut-être trop protecteurs en faite. C'est d'ailleurs ce qui a du faire capoter le truc. J'ai eu la meilleure éducation que l'on puisse avoir je pense. Des bonnes notes à l'école et tout, mais... Je crois que j'ai vraiment commencé à « partir en vrille » comme on dit, quand je suis rentrée au collège. Bon, au début ça allait, mais le problème c'est que mon collège était en ville alors que mon école primaire, elle, avait été dans la petite campagne où j'habitais. La ville, pour une fille de la campagne comme moi, ça a donné une drôle d'équation. J'ai rencontré des tas de personnes. Je me suis fait très vite des amis. Et puis, j'ai commencé à trainer en ville et à sortir. A faire tout les trucs d'ados quoi! Ouais, j'étais un peu naïve et je me la jouais un peu. J'ai pas forcément eu des très bonnes fréquentations. Donc, au final, j'ai fait un petit peu de connerie. Bah, rien de méchant, des trucs sans gravité. Jusqu'à ma première année de lycée. J'ai foutu un pain à Keylie Mason, la capitaine de l'équipe de pom-poms girls. C'était en cours de gymnastique. Elle se la pétait comme toujours et se foutait de ma gueule. 'Faut dire qu'elle se payait ma tête depuis le début de l'année avec sa jupette bleu. Alors, ce matin-là j'en ai eu marre et je lui ai collé un pain. J'ai pris une après-midi de retenue, mais je m'en fichais. Le lendemain, la blonde est revene avec un superbe œil au beurre noir, on s'est bien marrés avec mes potes. Seulement, j'ai vite déchanté en fin de semaine. On est venu me chercher en classe de science, j'ai été dans le bureau du proviseur. Son père avait porté plainte. Résultat, j'ai eu un début de casier judiciaire en tant que mineure. Ça m'a calmé. En tout cas, jusqu'à cette histoire de Mur. J'en reviens toujours pas qu'il ait pu être construit. Comment les abrutis qui sont au gouvernement ont pu produire un projet pareil? Quoi? Les manifestations? Bah évidement que j'y ai participé! Comment vous pouvez accepter une connerie comme celle-là? Vous êtes barjo, vraiment! Je l'ai bien mérité? Peut-être. Oui, peut-être que j'aurais pas dû taper cette pouffe blonde. Oui, peut-être que je n'aurais pas dû participer aux manifestations. Et après cela aurait changé quoi? De toute façon je vais y aller de l'autre côté. N'est-ce pas? Pourquoi, vous envoyer les gens malades, j'ai jamais compris ça. Je veux dire, les maladies ça se soigne. Si vous envoyez tout les malades de l'autre côté, les pauvres médecins pleins aux as vont se retrouver au chômage, non? C'est pas un peu débile votre truc? Je ne vois pas ce que mon hypertension peut causer comme problème dans la « société ». Quoi? Ah, oui. Moi et mon bébé. Hein? Comment c'est arrivé? Vous vous moquez de moi j'espère? Bah, un soir j'étais avec mon copain et on a fait youplaboum chez ses parents, pendant qu'ils étaient parti en vacances. Et puis, bah...tadam! Sept mois plus tard, je suis devant vous avec un gros bidou tout rond. Vous avez séchez les cours de reproduction ou quoi? C'est vous qui devriez aller au sud. Il y aura vraiment toutes sortes de gens là-bas? Je veux dire, il y aura des médecins de l'autre côté vous croyez? Je vais accoucher là-bas normalement. J'espère que ça va bien se passer. Et vous? Vous arriverez à vivre avec ça? Avoir envoyé une adolescente enceinte de l'autre côté... "